< Jad-Volantis Phrasé >
< pari >
Marqué par un pari, une fête scolaire où le parieur devait déterminer la date de naissance de l’ânon ici présent, pour enflouer le sous des écoles et gagner un jambon. Le buraliste avec son beau-père vinrent au stand, le beau-père prit deux tickets, sur lesquels il inscrivit deux dates sises près d’un an avant, lors que l’ânon avait au plus 4 mois. Le buraliste lui fit remarquer son erreur, à quoi répondit le beau-père qu’il savait, mais bon, ça leur fait des sous. Je ne vois pas ça comme de la générosité gratuite. Ce qui m’a marqué, c’est la stupidité de l’acte, plutôt le suicide parfaitement conscient d’un tel acte. Parier volontairement sur le mauvais cheval, sans témoins, sans le clamer, sans spectacle. Jouer et être le seul à savoir à l’avance, bonhomme, le résultat.
< O.R.F. >
Ballade vierge erre sans but. Fuir le campus loin la ville, au beau milieu d’un parc, où les graines de platane commencent à pousser avant dame tondeuse (conduite par un ouvrier un casque sur les oreillles). Rien trouvé vide perdu encore, m’en retourne à ma piaule. Le seul chemin le pont, l’Isère polluée qui coupe, pont asphalte fer rouillé évoque Frisco déjà. Sur la rembarde debout un corps fille cheveux longs — la tenir retenir, déjà un bras puis deux, écossais au tronc d’arbre, la ramener pétrole. La tenir encore immobiles. Les mains sur les épaules, doucement. Ne rien dire. Elle baisse la tête — paroles — non (mais ne rien dire). J’allais sauter. Ses mains derrière avancent, les prends, avancent.
< dialogue entre moi et mon double, deux anges, face à une caméra >
Dialogue entre moi et mon double, deux anges, face à une caméra :
— J’ai toujours eu l’inceste en moi.
— Comme un double.
— Une ombre.
— Comme un châtiment.
— Comme une suspicion intransigeante.
— J’ai semé à la fin les semances d’acrylique.
— Perforées.
— Bues sans marc.
— L’aura désastreuse des porteurs d’eau.
— Peine s’enfuit.
— La rascasse aux abois se tord.
— Ordonne et meurt dans d’infinies souffrances.
— Je suis né un 7 juillet.
— Le matin, le soir j’étais ailleurs.
— J’ai été introduit au démon par un frère.
— Oncle utérin, ton symbole m’échappe.
— Je n’avais jamais pensé que l’oubli fait oublier ce qu’on a oublié.
— N’existe pas ce que je ne vois.
— Existent mes fantasmes.
— Mais qu’en est-il.
— Un violeur.
— Un oncle utérin.
— Un double.
— Qu’est-ce qui se joue.
— S’est joué.
— Que s’est-il passé.
— Que devra-t-on dire pour être conforme à ce qu’il s’est passé.
— Se passe.
— S’est-il passé quelque chose.
— Quel dispositif mettre en place.
— Un roman policier, une enquête journalistique.
— Un roman, une enquête scientifique.
— Un livre de DeLillo, mes yeux révulsés dans un espace clinique et vaporeux blanc.
— Qui suis-je.
— C’est quoi être.
— Que dis-je lorsque dis qui je suis.
— L’impensé.
— La détermination.
— Le penser.
— Ce qui m’est arrivé m’est-il arrivé.
— La mémoire.
— Que veux-je.
— Le réel n’existe pas.
— Seule la littérature.
— J’existe, mais ne suis pas.
— Serai.
— A partir de ce qui ne m’est pas arrivé.
— De la trace.
— De la transcendance posant sa marque au fin fond de la chair.
— C’est privé.
— Des sujets, des espaces, des positions égrénées dans le public.
— C’est entre moi et moi, coquille.
— Par moi seul peut être.
— Non déterminé.
— Mais me déterminant.
— Des mains invisibles sur ma gorge jusqu’à en vomir.
— Trop fumé.
— Des liquides par ma gorge.
— Tout liquide.
— Métaphysiquement liquide.
— Perdu.
— Qui suis-je.
— Que serai-je.
— Dans l’enfer du sujet, quel caillou.
— Un jour je serai.
— Il faut commencer à vivre.
— Se construire.
— Détermination, imitation.
— Des murs où projetées les ombres des suppliciés.
— Des massacres dans la nature, du rouge, du noir, leurs ombres sur un mur blanc la nuit.
— Des millions de cadavres, nus, maigres, cireux, empilés au bord d’une route, au bord d’un champ, au petit matin.
— J’existe mais ne suis pas.
— Etre, à partir de ce que je ne suis pas.
— Ne m’est pas arrivé.
— Contre-nihilisme.
— Etre.
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Mesdames et messieurs, le nouveau, le grand, le sublime ROMAN est arrivé. Le voilà pour vous ce soir, pour le plaisir des sens, et pour le plaisir des yeux. Le grand roman de l’ÊTRE est enfin arrivé. Vous vous êtes toujours demandé comment l’on devenait ce que l’on devient, et bien voici pour vous, mesdames et messieurs, une réponse ce soir, en chair et en os, sur la scène du grand châpiteau. Voici venir Aldo, le clown avec son petit chapeau ridicule, son faux nez en trompette et son large sourire blanc dans laquelle loge une mince bouche triste, Aldo avec ses pantalons qui tombent et ses trop grandes chaussures, Aldo le célèbre clown, qui va interpréter, pour vous ce soir, mesdames et messieurs, le roman de l’Être. Voici donc sans plus attendre, mesdames et messieurs, le ROMAN DE L’ÊTRE, ou comment être ce que l’on n’est pas à partir de ce que l’on n’a jamais été.
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< plus de roman car plus personne >
Plus de roman car plus personne. Éclatement général des particuliers. Résolutions de tous problèmes psychiques. Plus le temps. Dissolution des entités solitaires. Suicide des récalcitrants.
Geschichte gestorben. Sein kaput. Zeit auch.
Ils savaient trop de choses. Ils n’avaient plus d’imaginaire. Ils avaient trop d’imaginaire. Il leur manquait les formes.
Là il y aura un arbre, là une grande colonne de pierre véritable. L’odeur de tes lèvres ne me revient pas, quelle esthétique prônes-tu donc.
Nous avons cessé de nous entre-regarder. Nous savons très bien nous regarder nous seuls. Imiter. Nous ne sommes plus des dictateurs. Qu’appelaient-ils la créativité.
Nous avons confié nos vies, nous sommes en vacances depuis la fin de l’histoire humaine. Qu’appe-laient-ils l’au-delà.
Ils voulaient être des dieux. Super cerveau. Super corps. Tout percer, tout comprendre. Rester extérieur à tout. Leur ridicule ambitieux et tragique, je les prends en pitié. Tiens, je ne les comprends pas. Tout n’était pas programmé.
Gertrude, je t’aime, je te baise, je jouis, nous jouissons, il est quatorze heures cinquante deux.
Nous ne connaissons que notre environnement, le croyons naturel, éternel. Puis les ainés nous montre la voie. Tout un futur, des territoires à découvrir. Puis notre environnement s’impose, rétraction. Loin, loin, les ainés. La répétition du banal le fait naturel, éternel. Une prison, mais il n’y a qu’une prison.
Leur cerveau était la cause de leur malheur et de leurs erreurs. Me voilà me dotant d’un sujet. Le virus m’atteint. Connais aucun de plus vicieux.
Pardon monsieur, vous auriez l’heure. Savez-vous s’il y a beaucoup de i sur les plaques d’immatricula-tion allemandes. Où avez-vous acheté votre chapeau. Pourquoi riez-vous. Parce que je suis nu. Votre tolérance me flatte, monsieur. Mais non votre sens moral. Ne vous énervez pas. Comment, vous préférez votre sens moral à votre tolérance. Elle est question de convenances.
Ils avaient inventé la déprime. Malgré eux. Pour quand l’ambition le fatal, pouvoir s’assujettir. Un état de faiblesse pour mieux couler dans le destin, faire taire un temps leur prétention. Résultat identique. Nous avons appris à aimer le banal.
Une étude de 2007 a recensé toutes les stratégies pour ne pas être un individu. Ne pas penser à soi. Sortir de l’erreur vitale que j’existe.
Mère tes ordres sont désirants. Combien de fois te dirai-je que je ne peux résister. Vois comme tu m’excites. En fait, ça ne s’est pas passé comme ça. Il n’y a pas de mots. Pas de mots qui parlent du réel. Que tes ordres sont désirants. Des jeux. Pas réfléchir. Penser. Réfléchir pour ne pas rencontrer le réel. Que décrire. Mais doit-on garder cette image.
Dans quel petit cocon pourrais-je me lover, au sein de quelle musique des sphères. Tout réfléchir conduit à la folie. Avoir toujours le dernier mot, et le dernier regard, conduit au suicide. Les êtres les plus intelligents parviennent à disposer où il faut la stupidité. Toujours être borné, mieux que l’on se borne soi-même. Et puis au final il y a ceux qui comprennent et il y a ceux qui comprennent de travers, et ceux qui comprennent de travers. Une stratégie de démarcation est de comprendre de travers les choses que l’on comprend de travers, toutes les choses, et tenir la corde c’est incarner une position logique. Ne pas se comprendre, sauf à s’auto-détruire. Flagellations, pénitences.
J’habite un désert de poussière et de béton qu’aucun regard vidéaste n’esthétise. Le réel y fait mal aux yeux, au nez, aux oreilles. Le naturel permet l’amour mais le naturel rebute. Puis le naturel passe de l’amour à la critique. Plus important, la critique. Pour bien refermer le pli sur le réel impudique. Mon attirance va aux hauteurs et aux ratés. Un être qui ne bouge, présent mais vide, les yeux grands ouverts. Qui s’est tellement ouvert que la feuille est trop grande pour ses petites mains fragiles, que la feuille est trop blanche pour qu’il perçoive des plis. C’était un jeune pragois, le phénomène se répand, le communisme a incarné le plus parfaitement certains éléments européens. Il avait dû être intelligent, il avait dû croire que la vie est évidente, il avait dû croire que la vie est facile, il avait dû croire aux images, il avait dû croire en lui. Déserrance. Les seuls êtres à pouvoir l’encontrer sont ses semblables ou de ces abrutis comme les hôpitaux psychiatriques en sont emplis, phénomène courant chez les petites bonnes femmes. Les femmes s’y entendent en gestion de la vie. Chercher à assurer le minimum au moins, on n’arrive jamais au-delà du moyen.
Chercher à être conscient sans être traversé par le social. C’était leur projet absurde. Un projet de méthode totalement utopique. Qui ne pouvait finir que dans la critique. La remise en cause de l’esprit critique est venue tout à la fin, tellement ils s’y accrochaient. Ils ont fini par prendre la fuite avec la ligne.
Je ne suis pas de mon temps. Ah, si ce vieillard ne m’avait pas mis ce livre entre les mains. Si je n’avais pas eu ce moment de vide. Aujourd’hui tout le monde s’amuse. La science et l’amusement. L’âge d’or des jeux de mots, de l’absurde, du déluré. De la science maniaque et des scientifiques cools. Du rock’n’roll pour les uns, de la religion pour les autres, la même science pour tous et l’amusement général. Une horreur tellement criante que l’on ne peut que regarder, et crier.
< déviance de cadre blanc >
J’étais en visite en Thaïlande. Je devais vérifier qu’un sous-traitant traitait bien ses ouvriers. Une histoire de deux trois jours, pas plus. Ma femme m’avait encore appelé. Dès que je suis pas là, faut qu’elle m’appelle. J’avais passé la journée à visiter l’usine. Que des bonnes femmes, qui bossent là-dedans. On a même visité les dortoirs. Un truc tout petit qui pue. Y en avait une qu’avait un super cul. Elle l’a vu, le directeur l’a vu, elle est venue me voir après le travail, dans ma chambre d’hôtel. Une vraie salope. Je comprenais pas un mot de ce qu’elle disait, mais c’était pas la peine. Elle s’est désapée, elle a ouvert les jambes, debout, s’est passé un doigt et m’a fait signe de venir. Elle tenait à ce que je la prenne sur la table. Elle avait amené un énorme gode en bronze, avec une grosse base, qu’elle s’est mise dans le cul. Quand j’ai déchargé, on a appelé mon collègue, il l’a prise et moi je la fouettais avec un bâton de bambou, sur le visage, les seins. Le mieux c’est quand elle nous a filé un numéro de téléphone. Elle nous a mimé l’appel, qu’on devait dire quelque chose comme « molaa ». On est tombé sur un gosse, on a dit le mot, et une heure après deux mômes de dix onze ans sont venus à la porte. Ils sont entrés à peine on avait ouvert la porte, ils regardaient derrière eux comme s’ils avaient peur. De suite ils se sont mis à poil, leur petite bite marron qui pendouillait, ils se sont retournés et nous ont montré leur cul. C’était tentant. Ils étaient si dévoués, ils se faisaient enculer, ils nous suçaient, on s’amusait à leur verser des mignonnettes de whisky dans la gorge pendant que l’un de nous les enculait, ils semblaient adorer, en tous cas ils en redemandaient, mais pas très excités non plus, très serviles. On a fait tout ce qui nous est passé par la tête. On les a fait pisser dans des grands verres qu’on a fait boire à l’autre, on s’est mis à deux pour en enculer un, on leur a déchargé sur le visage et l’autre devait lécher. Ça c’était quand mon collègue a déchargé, à mon tour j’ai pas pu résister, j’ai lécher mon sperme sur le visage du gamin, dans sa bouche, puis je lui ai collé mon cul sur le visage et il a léché le trou de balle. J’aurai voulu me marier avec ces gamins. On savait plus quoi faire, au bout d’un moment, on avait déchargé et on était à court d’idées, et eux ils restaient là, à attendre la suite. La fille elle avait oublié le bâton, et je sais pas pourquoi, mais de les voir là à attendre quelque chose, et puis le bâton dans le coin, j’ai pas pu résister, j’en ai frapper un, je l’ai frappé et frappé et frappé, j’ai jamais eu une telle rage, je me contrôlais plus du tout, je crois même mon collègue il s’est demandé ce qu’il se passait. Quand j’ai arrêté de cogner, j’étais épuisé, et la tête du môme elle était couverte de sang, c’était rouge et noir, le môme il bougeait plus, j’ai quand même poussé un peu l’épaule pour voir, mais il bougeait plus, et pour la première fois il y avait quelque chose dans les yeux de l’autre. Quand j’ai vu ça j’ai été complètement excité, je sais pas ce qui s’est passé, j’ai pété un câble, j’ai vraiment cru que je devenais dingue, j’avais conscience de ce qui se passait, je savais que c’était moi, mais c’est comme si j’étais devenu un autre, j’ai foncé sur le gamin et je l’ai mordu au visage, il a commencé à crier, j’étais heureux d’entendre sa voix pour la première fois, en plus, puis j’ai senti sa langue sortir et je l’ai mordu, mais je crois que je voulais l’embrasser, en tous cas elle m’est resté entre les dents, et je l’ai mordu encore, j’ai mordu son corps, je crois que j’ai mordu sa bite, mais je voulais la sucer, c’est stupide vous me direz, il bandait même pas à cet âge-là. Après je sais pas ce qui s’est passé, je sais juste que ça a continué encore un moment, mais ça, c’est vous qui me l’avez dit.
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