< Jad-Volantis Phrasé >
vendredi, novembre 04, 2005
  < images >

Brigantine se tord, gémit, pleure en sourdines assourdissantes, crépite des crécelles salivantes de mille mamelles perdues, se mouche polie, s’estompe.
La princesse éteinte fend du bois sous la pluie, elle tient dans sa main une coupe de flanelle débordante.
Tortionnaire en sabots, hache de naissance, gigot trop cuit, fruit défendu.
Que je ne sache pas ce que tu as fait. Implore la rescousse d’un pirate déborgné. Creuse le vase à dessein. Fiente !
Je marrie un saint, une craie à la main, fredonne une plaie, hachure les murs. Père insiste pour me saler le pied, il étreint une dame, une grosse qui sent des aisselles, peau de tétardière que les aiguilles crèvent.
Gilles tranche un morceau de pain, éteint le poste de radio, grogne sans cesse, articule une biche lovée dans le sol d’un marécage perdu, gigotte en cadence, retient le souffle d’un papillon d’écume.
Trois fois plus de morts sur les routes avant-hier, la fumée monte dans le ciel, griffe l’escale du paquebot France, hennit toute le nuit, rote à ta gueule.
Maman, les méchants ont tout pris. Leur sourire hante mes nuits, dans la sueur, des poils me bandent les cuisses. Les lumières sont éteintes, nous sommes seuls. L’immense palais éructe soudain de toute sa forêt, des éclairs sombres parcourent mes pupilles.
Mange ! Mange ! Fini ton assiette ! Chien de malheur, corps jeté dans le néant, plate carcasse, tu n’es rien. Tu n’es rien ! Tu m’enfuis, ma salive tu, des sueurs, ne pars pas, nous avons tellement de choses à nous taire — avance !
Une planche de salut t’est offerte. Accroche-toi. Elle surfe dans l’espace. Ricoche sur des planètes invisibles, danse entre les étoiles. D’ici l’on voit encore sa traînée.
Une caverne ça gonfle et ça fait des images. C’est tout mou et ça sent le mort.
Petite, allons voir si tes pleurs égrennent des soldats.
Ta stupidité marquée au fronton du monde dans lequel tu entres — tu te tais. Tu dis oui et acceptes, applaudis même lorsqu’il faut. Ta joie marquée du sceau de la boue sur ton dos, tu attends qu’on te dise ce que tu dois aimer, tu écoutes ce que tu dois faire. Attends ! Écoute ! Reste ! Assied-toi ! Ne fais rien que je ne sois pas là, ne fais rien que je ne t’ordonne pas ! Je sanctionne, moi ! Je dis qui ! Quoi ! Et blabli ! Et blabla ! Je ne meurs pas, moi ! Gardien du monde sur le fronton duquel arquée ta stupidité.
Tu sais, Armandine, les êtres comme toi sont produits à la chaîne. Quoi que tu fasses, dises et respires, je te sais, tu es sous la coupe de ma boîte crânienne. Tu ne peux rien que l’on ne connaisse déjà. Plus tard, sur ta tombe, je verserai peut-être une larme, pour la justice.
Ta vie en carcan voit son landeau s’enfuir sur ses rails. Lève les bras, pousse tes petits cris de joie, de haine, de révolte, mobile tes petits poings, pose un doigt sur ton sexe, ta vie est finie, nous avions déjà tout fait, rattrape ton landeau vite.
Lili pute elle s’écrase, ou partie, elle amasse, elle tournoie, elle éjacule entre ses doigts gantés, gémit faussement dans des pièces rouge et noir, revient et boude, je la chasse, mais elle sait. Lili pute est entière le monde, elle m’enterre la bonde, Lili pute elle s’écrase, elle m’harasse de ses fils qui me tournent et m’aveuglent, elle rit puis pleure puis pardonne puis insulte puis plaint puis jouit puis part, et laisse son gant sur ma table de travail.
Mignonne, allons voir si les troènes en accents circonflexes.
T’as pas le droit de laisser passer la vie — elle s’en fout de toi, qu’est-ce tu crois ? Tu n’es qu’une petite fille innocente, une ignare infâme, que tu crois proposer ton être fœtus au monde, bourgeon aigri vieilli, ta petite chatte de vierge toujours aux rides multiples pourrira lorsque tes bras trop larges repliés sur ton corps auront tout l’air passer le temps d’une vie laissé.
Obscur désir embruni, papyrus craqué se rappelle, ils jettent un sort sur la tête d’un enfant déjà mort, plions bagage au pays des disparates, mors le cheval qu’il te traîne.
Rengorgeons tous ces avortons qui des boutons sur la gueule et du vent dans le crâne nous ordonnent nos pêchés, nous jeunes vivaces frivoles éclatés en myriades de néons, nous chères lumières d’une surface toujours blanche, et la merde sous nos pieds.
Lisse dru ma calèche. Hue ! Abois si tu peux, ronfle encore un p’tit peu. Flambloie dans la nuit les arabesques t’esquissent. Chante au silence gondolé, indique la direction du lever. Je t’aime quand tu flottes la tête renversée à touner dans tes jupes plissées. Je t’aime lorsqu’occupée à toi toute m’oublies.
Je ne présente au monde qu’une façade. Ne suis pour moi-même qu’une façade, yeux de vache. La maîtrise des autres est totale, tous me méprisent. La géniale méprise slalome dans le temps, serpent cosmique à la queue de comète. Dans ma cabine j’étale ma merde sur les murs et je ris.
Le gars sur le bord du chemin hurle à la mort sans plus de raison que d’y croire, il aspire à traquer les vipères, il maudis la terre le ciel père et mère, mais enfin, il se relèvera d’un bond pas content du tout d’avoir perdu tout ce temps. Une auto passera dans son dos, le temps qu’il se retourne, levant son regard nouveau au loin où les cheminées bandent de l’air. Ensuite il marchera d’un pas sûr.
Plutonium appauvri, une gigogne respire dans le matin calme des sons de cloche, un enterrement a lieu, quelque part à quelques lieues, une fillette pleure son petit chien, sans mentir sans gémir sans rien dire elle se laisse faire, car le père, car le frère, car le grand-père et bien d’hommes, la brume se lève, la boue commence à accrocher, une flamme emporte tout.

 
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