< Jad-Volantis Phrasé >
jeudi, septembre 08, 2005
  < aéroport >
Océane n’était pas belle et ne s’en foutait pas. La couche de maquillage était encore pire, elle effaça tout, mis un peu de fond de teint, des lentilles vertes, ajusta ses cheveux teints et partit en voyage. Nous ne nous attarderons pas sur Océane, nous nous éloignons, elle part toute seule, nous regardons l’homme assis au café seul. Michel, quarante-trois ans, employé des pompes funèbres, n’a rien à faire dans cet aéroport et le sait. Il jette des coups d’œil peureux autour de lui, termine rapidement sa bière, se lève, nous voyons Jordi, le petit Jordi qui s’ennuie sur les bagages de la famille. Ses parents font la queue pour le comptoir d’enregistrement, Jordi s’ennuie et met son doigt dans son nez, sa mère s’impatiente et lui fait des reproches, Jordi grommelle quelque chose, sa mère veut le faire parler et devient plus agressive, Jordi crie et pleure et s’agite dans des mouvements nerveux, sa mère lui demande de se calmer, mais il ne se calme pas la morve au nez, son père s’en mêle et d’un formidable revers du droit lui décroche la tête à Jordi, et d’un formidable revers du droit lui décroche la tête à Jordi. Jordi hurle et frappe du plat du pied le sol et ses poings levés les bras en coudes bat l'air de façon vaine, il cherche de la résistance dans l'air qui s'en fout, son père feint l'indifférence et sa mère entre sa colère en elle, sa colère contre ce gamin impossible à tenir, qui défie son pouvoir et qu'en plus ils vont se faire remarquer, la mère devient de plus en plus rouge et crispée à mesure que les gens regardent, cinquante têtes tournées vers le petit Jordi, des gens commencent à parler de lui, on parle de lui, ses parents commencent à l'entendre, Jordi commence à l'entendre, il a honte, est fier en dedans, il ne s'est plus où se mettre, car il a commencé à se calmer, mais bouillonne encore, il bouillonne vainement, immobile et crispé, et ses parents passent au comptoir d'enregistrement, bientôt ils vont s'éloigner, bientôt on ne parlera plus de lui, seulement des gens qui à sa vue le regarderont, comme un repère bien connu dans l'aéroport. Comme Simone.
Simone regarde le petit Jordi, éprouve affection et l’angoisse d’être sa mère. Encore dix minutes avant l’ouverture de la porte d’embarquement, on va s’y diriger, peut-être d’autres gens attendent déjà. Des nouvelles personnes à découvrir, Simone se demande comment elles sont, peut-être de nouveaux amis et, qui sait, une petite aventure… Depuis tous ces mois que Simone pense à ce voyage, maintenant il est là, elle peut en sentir l’imminence du début, elle est en marche vers le début de son merveilleux voyage, en marche depuis la fermeture du coffre de son auto, après avoir vérifier toute la matinée qu’ils n’avaient rien oublié, son mari est tellement oublieux, et des coups de téléphone aux enfants, Simone espère qu’elle ne leur manquera pas, qu’il n’y aura pas d’urgence. La glorieuse marche de Simone vers la porte d’embarquement est l’histoire du redressement de son buste, de l’air qui emplit doucement ses poumons, de son sourire qui s’élargit, de son moral, de sa motivation en hausse, l’histoire de son corps qu’elle se met à aimer.
 
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