< la mort désormais nous ennuie, ou nous fait rire >
La mort désormais nous ennuie, ou nous fait rire. Il était un temps où elle apparaissait horrible aux humains. La mort constituait leur horizon, certains ne voyaient même plus qu’elle. Il jugeaient tout à son aune, et réfléchissaient beaucoup pour se convaincre de leur existence. Ceux qui vivaient dans la plus grande insouciance étaient rejoints par l’idée de la mort à leur premier véritable séjour à l’hôpital, après quoi ils n’étaient plus jamais insouciants et mourraient dans la plus grande indifférence ainsi que dans un cauchemar sans fin. Les plus habiles immortalisaient leurs sentiments pour garder trace de leur vie.
C’était une époque où les humains étaient arrivés au bout d’eux-mêmes, fatigués de leur esprit, de leur corps et de leur semblables. Plus rien d’humain ne leur paraissait beau, toute laideur humaine leur semblait déjà vue. Certains se suicidaient afin d’ajouter une note absurde toute aussi pathétique.
Néanmoins ils voyaient de l’humain partout, ne pensaient qu’aux sentiments, à leur corps, à la vie, à la mort. Leur prochain était déjà là, mais ils s’accrochaient, pourtant en vomissant dégoûtés, à leur humain.
Leur principal souci était de se distraire en attendant l’heure de la mort. Tout pour ce but était bon. L’horizon de la mort se réalisait concrètement dans la distraction en ce qu’ils étaient las de construire quoi que ce soit. « A quoi bon, se disaient-ils. » Et à quoi bon, en effet.